Lessico


Laurent Joubert

Laurent Joubert all'età di 35 anni
da Paradoxorum decades prima et altera 1566

  

Originario di Valence, nel Delfinato, era professore di medicina presso la Scuola di Montpellier: Laurens Ioubert Docteur regent en medicine en la ville de Montpellier. Queste scarne notizie biografiche possiamo dedurle dal frontespizio e dal Privilege du Roy di un suo trattato edito a Lione nel 1567 dal titolo De peste liber unus. Nacque nel 1529 e morì nel 1582. Più avanti potremo sbizzarrirci con la sua biografia in francese.

  

Valence

Città (66.400 ab.) della Francia, capoluogo del dipartimento della Drôme, 90 km a S di Lione, a 124 m sulla sinistra del Rodano, poco a valle della confluenza in esso dell'Isère. Attivo mercato agricolo e nodo ferroviario, è sede di industrie alimentari, metalmeccaniche, tessili, elettrotecniche e del mobilio. In italiano: Valenza.

L'antica Iulia Valentia divenne colonia romana sul finire del sec. I aC. Ricco mercato agricolo, al centro di importanti strade, la città, dal sec. V, passò sotto varie dominazioni finché nel 1150 riuscì a costituirsi un governo vescovile che ne resse le sorti sino alla metà del sec. XV. Nel 1456 Valence riconobbe infatti la sovranità di Luigi, Delfino di Francia (Luigi XI), col quale passò alla corona. Decadde a seguito delle guerre di religione.

Scuola di Montpellier

Scuola medica francese, fondata probabilmente intorno al 1100. Con la scuola salernitana, che le servì da modello per l'organizzazione, ebbe un notevole peso nello sviluppo della cultura medievale, contribuendo vivacemente alla rinascita della medicina nel mondo latino-occidentale. Di orientamento essenzialmente pratico e profondamente influenzata dalla medicina araba, raggiunse il massimo splendore intorno al sec. XIII.

  

Le Cabinet de curiosité
de Laurent Joubert

Laurent Joubert était le fils de Jean Joubert et de Catherine Genas. Il est né à Valence le 16 décembre 1529. Il est possible qu'il ait commencé des études à la faculté de médecine de cette ville. En tous cas, il se fit immatriculer à l'Université de Médecine de Montpellier le 1er mars 1550. Bachelier le 27 février 1552, il fit alors un stage de pratique à Aubenas et à Montbrizon puis il fréquenta en Italie les facultés de Padoue, de Ferrare et de Bologne ainsi que la ville de Turin. Revenu à Montpellier, il fut reçu docteur le 5 juillet 1558. la date de sa licence ne nous est pas connue. Il remplaça aussitôt le professeur Honoré Castellan dans ses cours universitaires, avec un succès retentissant si bien que, à la mort de Rondelet en 1566, les étudiants firent une pétition pour qu'il soit nommé à sa place. Un concours eut lieu néanmoins dont il sortit vainqueur.

Son succès en clientèle fut aussi grand. On l'appelait de toute part. L'armée fit appel à lui ainsi que Marguerite de Valois, jeune épouse du roi de Navarre qui, lui aussi fut de ses clients. Plus tard, il sera encore appelé en consultation auprès de Louise de Savoie, épouse d'Henri III, atteinte de stérilité. Il sera enfin médecin ordinaire d'Henri IV.

Nommé chancelier de l'Université de médecine au mois de décembre 1573 jusqu'en 1582, il sut faire preuve de fermeté dans ses nouvelles fonctions, notamment lors du concours ouvert à la mort de François Feynes. Il sut aussi tenir tête aux incessantes tracasseries du doyen Jean Blézin comme par exemple dans l'affaire qui l'opposa à l'apothicaire Louis Bosc. Vis-à-vis des chirurgiens il exerça une grande vigilance pourchassant sans pitié les empiriques tout en veillant à ce que les véritables chirurgiens, parmi lesquels il comptait plusieurs amis, restent sous la dépendance des médecins. Il vécut aussi l'affrontement qui opposa en 1574 les étudiants en médecine aux apothicaires de la ville au sujet de la visite des officines. Ce conflit ne sera réglé que plus tard. Il est mort à Lombers dans le Tarn au retour d'un voyage à Toulouse, le 21 octobre 1582. Il avait toute sa vie professé la religion protestante. Bien que vivement sollicité par Rondelet pour qu'il épousât une de ses filles, il leur préféra Louise Guichard, fille du médecin Pierre Guichard de qui il eut un fils Isaac qui fut médecin à son tour. Une de ses filles, Anne épousa le médecin François Auzière.

Remarquable pour la diversité de ses intérêts et de ses publications, il se passionna pour l'histoire naturelle, pour la pharmacopée. Il publia aussi un ouvrage sur la réforme de l'orthographe, un traité sur le rire et surtout un livre intitulé Erreurs populaires au fait de la médecine et régime de santé en 1578. Il écrivit un traité sur les arquebusades. Très précieux, il relève les pratiques curatives et les superstitions en usage dans les campagnes montpelliéraines du XVIe siècle.

Joubert avait constitué chez lui un cabinet d'histoire naturelle d'une certaine valeur. Négligé après sa mort, il fut vendu par son fils Isaac.

Son enseignement coïncida avec les guerres de Religion, qui localement eurent des effets dévastateurs pour l'université montpelliéraine. En 1580, et jusqu'en mai 1581, l'enseignement y fut totalement arrêté: le nombre des inscriptions estudiantines annuelles tomba de cinq en 1575 à zéro en 1580 [il s'agit d'une donnée intéressante pour une chronologie des malheurs des guerres de Religion, beaucoup plus effectifs en 1580 dans le Languedoc que dans telle ou telle région de la France du Nord, celle-ci étant nettement plus calme. Après la mort de Laurent Joubert, aucun professeur entièrement indigène n'était susceptible d'assumer le poste de chancelier. Un médecin venu de l'extérieur, mais montpelliérain d'étude et d'adoption, Jean Hucher fut nommé à cette charge.

Le livre recueil de toutes les spécialités pharmaceutiques ou Dispensatorium, le "Vidal" de l'époque n'est autre que la "pharmacopée de Laurent Joubert, professeur régent de l'art de médecine, chancelier et modérateur de l'université, autrement dit, académie de Montpellier", ouvrage paru à Lyon en 1578.

Dans la journée du 9 août 1596, le plus jeune fils de monsieur Laurent Joubert, le grand savant, me prit avec lui et m'emmena jusque dans sa maison pour me faire voir la cabinet de curiosités de son défunt père . Depuis le décès de ce monsieur, sa collection se trouvait en débandade complète. Des personnages forts distingués, tels que le connétable et Monsieur de la Fin [d'Auvergne] , étaient parfaitement informés; ils savaient que de son vivant, ce savant Joubert avait fait venir des pays étrangers, à grands frais divers objets de collection fort curieux. Ils ont donc inspecté ce cabinet de visu, après la mort du propriétaire; et puis ils se sont emparés de ce qui leur plaisait; ils ont donné en échange quelques petits cadeaux tout au plus. Ces notables ont fait main basse en particulier sur les œuvres d'art, les pierres précieuses et les antiquités que Joubert, à ce qu'on dit, avait rassemblées en grand nombre.

Le pillage de Montmorency

Les collections de Laurent Joubert furent mises au pillage par le connétable de Montmorency après le décès de leur propriétaire. Le connétable indélicat a pourtant laissé sur place quelques beaux restes en fait d'animaux empaillés et autres curiosa. La caractère fort peu botanique de la collection est en fait révélateur des préoccupations surtout zoologiques et anthropologiques de Laurent Joubert.

L'inventaire de Thomas II Platter

Néanmoins tout n'a pas disparu et, parmi bien d'autres choses remarquables, j'ai vu là des animaux empaillés qui étaient vraiment exotiques, étranges ; des plantes monstrueusement déformées, des objets d'art et autres vieilles choses que je vais décrire l'une après l'autre, celles en tout cas dont j'ai pris particulièrement connaissance:

1. D'abord était accroché au plafond, en plein milieu du cabinet de ces collections, un oiseau empaillé blanc, très grand (et même plus grand qu'un aigle), appelé en latin Onocrotalus. [Pelanus onocrotalus, le pélican commun: la zoologie helvétique tant platterienne que gesnérienne s'est intéressée à cet oiseau (K. Gesner, Historia animalium, livre III, De la nature des oiseaux (De avium natura), 1555, p. 605, sq. : au sujet d'un pélican trouvé près de Zurich, en situation lacustre effectivement.] De son vivant, sa voix eût tenu du braire chez un âne. L'oiseau en question est doté d'une grosse poche sous le bec, on dirait un estomac, et elle peut contenir environ trois litres d'eau où cet oiseau conserve les poissons… Il vole au-dessus de la mer ou d'autres plans d'eau, et là, il plonge comme un canard sauvage jusqu'à ce qu'il ait effectué une bonne pêche. Il n'a plus ensuite qu'à se poser en terre ferme et à se repaître de ses prises. Ce volatile, à ce qu'on dit, avait été apporté d'Alexandrie jusqu'à Marseille; et de là, on l'avait expédié à Montpellier en tant que cadeau. J'en ai vu un tout semblable, en peinture à Lucerne, dans la salle de la corporation du Fridolin [La Fritschi-Stube, corporation dite "Fritschi" du Fridolin ou du Safran, est celle des épiciers, des charpentiers et des maçons de Lucerne. De 1453 à 1586, elle avait son siège dans la Kleinstadt sur la place ; et depuis 1586 jusqu'en 1836, dans la Grosstadt entre le marché au vin et la Reuss. Les médecins, les administrateurs et les pasteurs avaient eux aussi leurs entrées dans la "Fritschi". Les apothicaires y détenaient également des droits. "Frère Fritschi" ou Fridolin, mannequin bourré de paille, personnifiait la joie des Confédérés après leur victoire de Ragaz le 6 mars 1446, qui décida de l'issue de la guerre de Zurich en faveur des Eidgenossen, confédérés. Frère Fritschi était promené dans le cortège du Carnaval, le jeudi avant le jour d'Esto Mihi; on le faisait également participer à des festivités dans des localités amies. Les Bâlois firent main basse sur ce mannequin en 1508, ce qui donna l'occasion aux gens de Lucerne de se rendre à Bâle, et de le récupérer [HBLS, III, 342]: le tableau portait une inscription comme quoi l'oiseau était en provenance du lac de Zurich, au-dessus duquel on l'avait abattu.

2. Il y avait également dans la cabinet de Joubert, deux oiseaux marins étranges ; à en croire leurs appellations, l'un était un Alcyon, l'autre un Cordilis. [Alcyon autrement dit Martin-pêcheur? Voir à ce propos K. Geisner, Historia animalium, livre III, éd. 1555, p. 550, texte illustré. Quant à Cordilis, nous n'en savons pas plus sur cet oiseau de mer.]

3. J'ai vu des coquilles tirées de la mer, qu'on appelle Concha anatifera: c'est là que naissent les oies sauvages. [Concha anatifera autrement dit "bernache": genre de crustacés cirripèdes qui vivaient fixés sur les bois flottants en mer, sur les coques des navires, sur les troncs d'arbres immergés près des côtes ; c'est pourquoi l'on pensait qu'à partir de ces bernaches (vivant disait-on sur les arbres) faisaient éclosion les oiseaux ou "oies marines" appelées elles aussi "bernaches" ou "oies d'arbre" (baumgänse). Sébastien Münster évoque ces diverses espèces de crustacés et d'oiseaux, ainis que la métamorphose des uns aux autres ( !), à propos de l'Écosse et d'arbres écossais proches de la mer. Voir la Cosmographey de S. Münster, éd. 1544, p. 40 et éd. 1598, p. 55 et sq. ; il cite à ce propos Saxo Grammaticus. Quant à K. Gesner (op. cit., p. 108 sq.), il s'appuie à ce sujet sur S. Münster, bien que personnellement, ce même Gesner n'ait pas vu de Bernaches. Il mentionne incidemment, sur ce point, le Ringelgand alias Branta Bernicla. Voir aussi Nemnich, Polyglottes Wörterbuch der Naturgeschichte, op. cit., I, p. 264, sq.]

4. En quatrième lieu, une petite bestiole à quatre pattes, de la taille de nos lézards et qui se nourrit d'air: cela s'appelle un caméléon.

5. Un veau marin, aussi grand que nos veaux terrestres.

6. Un petit crapaud de mer [Meerkrot: crapaud de mer, ou Thalassophryne maculosa. En ce qui concerne Gesner, dans son " Livre des poissons" (Fischbuch, traduit du latin en Allemand par Forer, 1598, p. 64 et 64b), il nomme cet animal Rana piscatrix ou marina, autrement dit grenouille halieutique ou marine "une bête spécialement horrifique et affreuse". Le dessin qu'il en donne s'inspire d'une illustration de Guillaume Rondelet, le grand zoologue et médecin montpelliérain. Quant au veau marin, précédemment mentionné, c'est vraisemblablement un phoque.]

7. Un coq de mer; c'est une espèce de poisson. [Meerhan, autrement dit Zeus Gallus, coq de mérou ou poisson-miroir (?) (allemand Spielgezlfisch). Gesner (Historia animalium, IV, 439 sq.) l'appelle Faber (artisan, forgeron?) à cause de sa couleur noire, d'après Pline, Hist. Nat. 9, 68; ou encore Gallus marinus. En raison de ses lueurs dorées, les anciens Grecs le dénommaient Zeus, et les chrétiens Christ [ou saint Pierre]. Ce poisson fut dessiné lui aussi par Rondelet.]

8. Un tout petit poisson rond (qui ressemble à un limaçon rouge), appelé Remora. [Remora, Echeneis remora, poisson-pilote] On prétend qu'il est capable de stopper net un navire en pleine mer. Il suffit qu'un matelot tienne une rame, et que le rémora la touche: la main du marinier en aurait une entorse telle qu'elle deviendrait soit-disant inutilisable, jusqu'à ce que la bête lâche prise. Tout cela me paraît bien difficile à croire, et pourtant de nombreux vieillards très distingués ont accepté cette croyance.

9. Un énorme crocodile qui avait bien dix pieds de long.

10. Pour le numéro 10, j'ai vu quelques échantillons d'individus difformes, produits de naissances monstrueuses. Ainsi la tête d'un enfant de quatorze ans: elle était énorme, ayant quatre empans [80 centimétres] de circonférence.

11. Un cochon à huit pattes, dont quatre à l'emplacement normal, deux par-devant sur la poitrine et deux sur le dos.

12. Une grande chèvre à deux têtes.

13. Idem pour le n° 13: diverses plantes rares, parmi lesquelles une mandragore [Mandragora officinalis, mandragore ou pomme de sommeil, pomme de chien, herbe à sorcière, expressions notamment alémaniques, ici traduites. Déjà connue dans l'antiquité comme plante médicinale ou magique (Nemrich, op. cit., I, p. 535. Félix Platter dans sa Suppellex medica, fait état d'une douzaine d'échantillons de mandragore.] en forme d'homme minuscule (dont on dit qu'elle pousse sous la potence), mais selon moi, il s'agit ou d'une mandragora, ou d'une monotropa; on lui a planté des millets à la place de la chevelure.

14. De la gomme ou de la résine qui a coulé de la pierre très dure d'un diamant.

15. De l'écume de mer desséchée. [Écume de mer: il ne s'agit nullement en l'occurrence de ce qui sera la matière première de nos pipes, mais plutôt d'un composé de diverses substances que les flots de mer ont roulées ensemble et déposées sur le rivage. Les chercheurs et collectionneurs au temps de la Renaissance et de la post-Renaissance, ne s'expliquaient pas clairement la nature de cette "écume" marine qu'ils appelaient à la mode antique, Halcyoneum (Pline l'Ancien, 32, 86). Félix Platter (Suppellex medica, fol. 14 v°) en possédait dix échantillons, se rattachant eux-mêmes tantôt à une espèce de corail, tantôt effectivement à la terre de pipe, etc. Konrad Gesner (Vogelbuch, trad. Allemande, 1600, p. 31 sq.) en trouve cinq espèces et il renvoie, en ce qui les concerne à Dioscoride, Galien et Pline. Le nom "alcyon" attribué à cette matière viendrait, selon cet auteur, du fait que la matière en question est pêchée dans la mer par l'oiseau appelé alcyon (le martin-pêcheur?), qui s'en sert pour fabriquer son nid ( ?). Voyez aussi K. Gesner, Historia animalium liv. III, p. 566 ; Joh. Gottschalk Wallerius (Mineralogia ou Mineralreich, trad. Allemande, 2e édition 1763, p. 446) considère, contestablement, que l'écume de mer est la pétrification d'une espèce de résidu de corail, à base de spongiosités ou de fongosités appelées Alcyonia… Voir également Nemnich, op. cit. I, p. 101.]

16. De nombreuses pierres d'aigle, qui sont tombées du ciel à en croire certaines personnes. [Pierre d'aigle, dite aussi en termes germaniques, ici traduits, pierre-hochet ou pierre-crécelle. Autrement dit aéttite, variété de peroxyde de fer ou d'ocre jaune ; pierre creuse à l'intérieur de laquelle se trouve, sonore, un petit caillou (voir Nemnich, op. cit., I, p. 101)]

17. De belles dents de lion.

18. Idem pour le numéro 18, des calculs pierreux, de la grosseur tantôt d'un œuf, tantôt d'une noix muscade, qu'on a extrait de la vessie d'un homme de soixante ans.

19. Une grosse pierre blanche, quadrangulaire, qu'on a tiré des reins d'un homme après sa mort.

20. Le tibia d'un homme mort du mal français [maladie vénérienne], dont les eaux de la jambe s'étaient de son vivant corrompus et pourris à même le corps de la personne en question. [Le mal français c'est en d'autres termes la syphilis. Cette maladie vraisemblablement importée d'Amérique par des participants au premier voyage de Christophe Colomb, fut diffusée en zone méditerranéenne, puis portée au nord par les soldats français de Charles VIII revenus de Naples en 1495 (A.-J. Stofer, Wörter und ihre Schicksale (les mots et leurs destins), 1937, p. 337-347)]

21. Quelques petits os ou osselets attachés avec un fil de coton, que les Américains, autrement dit Anthropophagi, c'est-à-dire mangeurs d'hommes, ont coutume de composer en forme de colliers avec les ossements des hommes qu'ils ont mangés; il se les suspendent ensuite à la cuisse ou au cou en guise de parure. On m'a donné divers exemplaires de ces ornements que j'ai expédiés à Bâle par la suite.

22. J'ai vu aussi beaucoup de pierres précieuses qui étaient en effet de grande valeur, et plusieurs portraits de personnages importants, l'un ou l'autre joliment moulés en plâtre.

23. Une grosse paire de gants, qu'on avait enfermée artistement dans une noix.

24. Une vieille lampe, pourvue d'une mèche en amiante, et dont on prétendait qu'une lumière éternelle y avait brûlé. [amianthus ou amiante, Asbestus fragilis. Dans son catalogue en langue latine intitulé suppelex medica, fol. 12 v°, Félix Platter signale un échantillon d'amiante ( ?) ou Federweiss des fours, fornace (J.G. Wallerius, Mineralogia, op. cit. p. 193)]

25. On m'a montré aussi un manuscrit dont la matière était de l'épaisseur de nos cartes à jouer; c'était un rouleau très long, d'une quinzaine d'empans me semble-t-il [trois mètres de longueur], couvert entièrement et uniquement de caractères chaldéens, et qu'on a trouvé dans le corps embaumé d'une momie. On avait inscrit en ce texte, selon l'opinion de certaines personnes, le récit des exploits du défunt. La fait est que dans les momies ou dans les corps embaumés on découvre souvent des objets bizarres, comme des idoles égyptiennes ou d'autres choses du même genre (que les intéressés affectionnaient quand ils étaient encore envie), et cela grâce au fait qu'on enlevait les boyaux de leurs corps une fois décédés. Ce qui laissait à l'intérieur du cadavre une grande place vide dans laquelle on pouvait fourrer ces paperasses, statuettes, etc.

26. Enfin au numéro 26, qui est le dernier de ma liste, j'ai vu dans cette "collection Joubert" un couteau de la même forme que ceux qui chez nous peuvent se replier [en marge de son manuscrit, Thomas Platter II a dessiné un couteau avec manche et lame. Dessin reproduit par Rut Keiser dans son édition bâloise de la Beischreibung de Thomas Platter II, p. 269], mais celui-ci était tout d'une pièce comme on peut voir par l'esquisse que j'ai dessinée ci-jointe. Voici son histoire : dans la campagne des environs de Lunel, à la suite d'une querelle entre deux paysans, l'un d'eux s'étant pris de colère contre son adversaire, lui fourra de force ce couteau dans la bouche, s'étant borné tout au plus à envelopper la pointe d'icelui dans un chiffon. Le malheureux qui avait eu le dessous dans la lutte fut même contraint d'avaler cet objet, l'autre le menaçant de le tuer de ses propres mains s'il ne s'exécutait pas. Et de ce fait, il y eut déglutition de la chose. Peu après, la victime de ce procédé ressentit de terribles douleurs d'entrailles; il fit donc venir le docteur, messire Laurent Joubert, et lui raconta toute l'affaire - comment il avait été contraint d'avaler le couteau. Joubert désespérait de la thérapeutique, car il pensait que le diable s'était présenté à ce malheureux sous la forme d'un paysan, ce qui paraissait vraisemblable en effet, et que le démon, par quelque sortilège, lui avait fourré la chose dans le ventre. On ne pouvait concevoir qu'un long couteau comme ça fut avalé de façon naturelle. Toutefois, le grand médecin finit par céder aux pressantes instances de la victime, vu l'état de détresse aiguë où celle-ci se trouvait. Il lui fit donc donner, par l'ordonnance, des purgations et des vulnéraires. De sorte que peu après, dans l'aine droite (in inguine), un abcès se forma; puis on l'ouvrit, et le docteur Joubert, de ses propres mains, à travers cette apostume ouverte, en retira le couteau. Le paysan a survécu en pleine forme et en bonne santé, après cette aventure, pendant de nombreuses années encore. Cette anecdote m'a été racontée dans tous ses détails par le fils de Monsieur Laurent Joubert, et ce Monsieur Laurent a lui-même consigné l'aventure dans ses Observationes. Il pensait que le couteau était si l'on peut dire passé par l'appendice (caecum intestinum), car il n'en était résulté aucun dommage.

À l'étage inférieur, dans cette même maison, on pouvait encore apercevoir plusieurs grandes côtes de baleine que de Bordeaux on avait envoyées à Joubert. Parmi elles quelques unes avaient dans les vingt empans de longueur et deux empans d'épaisseur [respectivement quatre mètres de longueur et quarante centimètres d'épaisseur]. Par le biais d'un échange, j'acquis du fils Joubert une petite côte de baleine d'environ douze empans de long [2,40 mètres], que je devais expédier à Bâle ultérieurement.

Il y avait encore, à proximité de ces ossements de baleine une tortue de mer accrochée au plafond; sa carapace était aussi vaste qu'un dessus de table autour duquel six messieurs auraient pu, sans problèmes, trouver place assises pour chacun d'entre eux.

http://perso.orange.fr/laure.gigou

Dictionnaire historique
de la médecine ancienne et moderne

par Nicolas François Joseph Eloy
Mons – 1778